Des villes

Voici ma dernière vision futuriste en date, et qui sera, peut-être un jour, un projet.

“J’entendis la Cité Circulaire avant même de l’apercevoir. L’harmonie de ses mathématiques transparaissait de manière évidente dans son doux chant, dans sa trace musicale spécifique. (…) Tout autour de la cité, les animaux s’étaient rassemblés, attirés par sa musique. Allongés ou broutant sous les arbres, ils semblaient écouter, captivés.(…)
Je traversais une autre partie de la cité et atteins une autre rue circulaire, plus peuplée car il s’y trouvaient des échoppes et des magasins ici et là. C’était un cercle complet à l’intérieur du cercle périphérique et un marché s’y étalait sur toute sa longueur – et comme tout marché, c’était un endroit très animé et affairé. Une autre rangée de bâtiments, une autre rue, remplie de cafés et de restaurants et de jardins. C’était bondé et envahi de la foule la plus saine et amicale que j’ai jamais vue. Il y régnait une bonne humeur et une amabilité communicative, sans qu’aucun vacarme ou chaos ne se fasse sentir. Et je notais que malgré le bruit inévitable de la foule, cela n’affectait pas le silence profond qui était la fréquence fondamentale de cet endroit, la musique en elle-même, qui maintenait toute la cité dans ses accords. »

Le titre abrégé du roman d’où est tiré cet extrait est Re: Colonised Planet 5, SHIKASTA, de Doris Lessing, la grande écrivain sud-africaine. Il est épuisé en anglais et inédit en français, et est venu à moi attiré par le fameux « hasard » qui n’en est pas.

Lessing_Shikasta

Encore un livre classé dans la science-fiction mais qui est loin du space opera. Il s’agit plutôt d’une vision de l’histoire de l’humanité qui décrit, comme vous avez pu le lire ci-dessus, des débuts glorieux sous la protection bénéfique d’une race plus avancée qui implanta l’être humain sur Terre, puis une chute irrémédiable causée par des influences toxiques sur l’équilibre énergétique de la planète, jusqu’à un point tel que les civilisations s’effondrent dans la barbarie et l’ignorance, descente de plus en plus dramatique, jusqu’à aboutir à une époque qui ressemble terriblement au XXeme siècle. J’en était malade de lire la description des dommages que nous nous sommes infligés à nous-mêmes, racontés par des envoyés de cette race bienveillante qui regardent, affolés et impuissants l’absurdité de nos comportements et tentent à de multiple reprises de restaurer un semblant d’ordre et d’harmonie.

Je traduit un autre extrait qui se trouve à la fin du livre et qui est une lettre d’un enfant ayant survécu au chaos, alors que les êtres humains commencent lentement leur remontée vers la lumière.

“Je suis passé dans quatre autres villes, toutes nouvelles, une triangulaire, une carrée, une autre circulaire, une hexagonale. Tu sais quoi? Les gens quittent les vieilles villes dès qu’ils peuvent et construisent des villes nouvelles ailleurs, de cette nouvelle manière. (…) Les gens parlent des anciennes villes comme de l’enfer (…).
Puis nous avons erré sur les collines et le plateau. Nous étions une vingtaine comme ça. Et soudain, nous savions tous clairement où la cité devrait se placer. Nous l’avons tous su au même moment. Et nous avons trouvé une source, au milieu du lieu. C’est comme ça que cette cité a commencé. Elle sera en forme d’étoile à cinq branches. (…)
Nous avons trouvé juste à côté la terre qu’il fallait pour les briques et l’adobe. Il y a tout ce dont nous avons besoin. Nous avons déjà commencé les jardins et les champs.
Les premières maisons sont déjà debout et la place centrale est pavée et le bassin de la fontaine est prêt. Au fur et à mesure que nous construisons, des motifs magnifiques apparaissent, comme si nos mains recevaient un savoir d’on ne sait où.
Je t’écris assis sur un petit muret blanc qui est recouvert de ces motifs. les gens sont autour de moi, travaillant à ci ou ça. Nous sommes dans des tentes en attendant, tout est improvisé et parfois difficile mais cela n’en a pas l’air et tout se produit de cette nouvelle manière, on n’a plus besoin de discuter encore et encore, de se disputer et de faire des clans et d’accuser et de se battre et de tuer. Tout ça c’est fini, bien fini, mort. »

Cela m’a bouleversée.

Quelques jours plus tard, je m’imaginais bâtissant des nouveaux villages écologiques, en harmonie avec la nature et les éléments, avec une conscience de la géométrie sacrée, non seulement comme outil de bien-être mais comme un moyen de maintenir l’harmonie et l’équilibre entre les habitants. Pour moi, Verseau solitaire, c’est assez nouveau de me visualiser dans un travail communautaire.

J’ai découvert la géométrie sacrée grâce aux travaux de Yann Lipnick, un géobiologiste dont je traduis un livre en français en ce moment. Il étudie en profondeur la manière dont les Anciens construisaient leurs temples et leurs lieux sacrés; alignés avec les influences cosmo-telluriques. Passionnant!
Si nous commençons à nous préoccuper de feng-shui dans nos maisons et nos lieux de travail, nous sommes encore loins de ré-intégrer l’énergétique dans l’urbanisme. Et pourtant!
Exception: un ami m’a rappelé l’existence d’Auroville! Bien sûr! Voilà une ville nouvelle construite à notre époque.

Auroville

Il y a aussi le Venus Project avec les visions grandioses et inspirées de Jacque Fresco (mais c’est un peu grand à mon goût!). Regardez leurs vidéos, on se croirait dans un roman Fleuve Noir!

jacque-fresco_utopiatown

Si quelqu’un a des éléments pour alimenter ma recherche, je suis toute ouïe.

Il y a d’autres aspects vraiment intéressants dans ce livre, si vous arrivez à vous le procurer. L’une des questions qui me tracasse est: avons-nous besoin de passer par les galères avant de commencer à fleurir? Nous savons que notre civilisation peut encore empirer, malheureusement. Sommes nous assez mûrs pour court-circuiter les dures leçons que la planète peut nous faire vivre? Nous verrons bien…enfin, chacun verra bien, selon la ligne de temps où il se trouve…(ok, je vais faire un article sur les lignes de temps!).

Shikasta a été publié en…1979!
Une autre visionnaire 🙂

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