Deux textes m’inspirent sur ce thème.
Le premier de mon auteur du moment, Stephen Jenkinson (ma traduction):
« Tout ce que nous faisons et tout ce que nous ne faisons pas crée un sillage, une légion de vagues et de creux qui battent le rivage en bordure de ce que nous disons, semant l’érosion à la périphérie de ce que nous savons. Cela continue bien après que les années de nos propres vies se soient écoulées. Si nous n’apprenons pas cet aspect simple, dévastateur et rédempteur du fait d’être en vie – que ce que nous faisons dure plus longtemps que nous, que le passé n’a pas de fin – alors le défilé de nos jours est plus pesant que porteur d’héritage.
Pensez-vous que le fait que vous soyez né à une époque où votre culture est en faillite soit un accident ? Je ne le crois pas. Je pense que vous êtes nés par nécessité avec vos talents spécifiques, vos peurs spécifiques, avec vos maux de coeur et vos soucis spécifiques… Je pense que si nous attendons de nous sentir vraiment obligés d’agir poussés par quelque chose… par quelque chose de grand, et bien… nous allons attendre un sacré bout de temps, et je ne sais pas si l’état du monde peut tolérer que nous nous retenions jusqu’à ce que nous nous sentions complètement obligés d’agir poussés par quelque chose. Je pense plutôt que nous devons avancer à présent comme si nous étions absolument indispensable compte tenu des circonstances. Cela demande quelque chose qui ressemble à de la bravade. Cela pourrait être facilement confondu avec de la mégalomanie, bien que je ne pense pas que cela soit le cas. Cela implique une attitude éhontée ou osée assurément, ce qui n’est pas encensé dans la culture d’où je viens, à moins que vous ne soyez une star ou quelque chose dans le genre… les gens ordinaires ne sont pas censés avoir ces qualités. Moi bien sûr je dis qu’ils le sont. C’est cela que nous avons à apporter dans les défis actuels, non pas attendre d’être convaincus que l’on a besoin de nous, mais avancer comme si c’était le cas. Votre insignifiance a été atrocement exagérée… Envisagez la possibilité qu’être né dans une époque troublée n’est pas une malédiction, mais le signe que l’on a besoin de vous. »
— Stephen Jenkinson
Et ensuite le magnifique texte de Clarissa Pinkola Estes, l’auteure du célèbre Femmes qui courent avec les loups:
Nous avons été préparés pour cette époque (traduit par P.Linda Steketee)
« Mes amis, ne perdez pas courage. Nous avons été préparés pour cette époque. De nombreuses personnes profondément et véritablement déconcertées m’ont contactée récemment. Elles sont préoccupées par l’état des choses qui se déroulent actuellement dans le monde. Nous vivons une époque de stupéfaction quotidienne et souvent de colère justifiée vis-à-vis des dernières dégradations commises contre ce qui compte le plus pour des gens civilisés ou visionnaires.
Vos appréciations sont justes. La gloire et l’orgueil démesuré auxquels certains ont aspiré tout en entérinant des actes si abominables contre des enfants, des personnes âgées, des gens ordinaires, des pauvres et des sans-défense, est à couper le souffle. Pourtant, je vous exhorte, je vous le demande, je vous supplie, s’il vous plaît de ne pas laisser votre esprit s’assécher en épuisant vos larmes pendant ces temps difficiles. Surtout ne perdez pas espoir. Plus particulièrement car le fait est que nous avons été préparés pour vivre cette époque. Oui. Pendant des années, nous avons appris, pratiqué, attendu et été formés pour répondre à ce niveau exact d’engagement.
J’ai grandi sur les Grands Lacs et je sais reconnaître un vaisseau qui est en état de naviguer lorsque j’en vois un. Concernant les âmes éveillées, il n’y a jamais eu de par le monde autant de vaisseaux à flot qu’actuellement. Et ils sont parfaitement équipés et capables de se signaler les uns aux autres comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité.
Regardez par-delà la proue; il y a des millions d’embarcations d’âmes justes qui se trouvent sur les eaux avec vous. Même s’il est possible que vos coques tremblent à chaque vague au cœur de l’orage agité, je vous assure que les grandes poutres qui composent votre proue et votre gouvernail proviennent d’une forêt bien plus vaste. Ce bois de construction est connu pour résister aux tempêtes, pour sa capacité à maintenir ensemble, pour sa résistance et sa longévité, quoi qu’il advienne.
En tout temps d’obscurité, face à tout ce qui ne va pas dans le monde ou qui semble irréparable, il existe une tendance à se détourner vers l’inconscience. Ne vous focalisez pas là-dessus. Il existe également une tendance à se laisser affaiblir en s’attardant sur ce qui est hors de portée ou sur ce qui ne peut encore se produire. Ne vous focalisez pas sur cela. C’est comme vouloir gonfler les voiles sans les avoir hissées.
On a besoin de nous, c’est tout ce que nous avons à savoir. Et bien que nous rencontrions de la résistance, nous rencontrerons d’autant plus de grandes âmes qui nous appelleront, nous aimeront et nous guideront et nous les reconnaîtrons quand elles apparaîtront. Ne disiez-vous pas que vous étiez croyants? Ne disiez-vous pas que vous vous étiez engagés à écouter votre voix supérieure? N’avez-vous pas demandé la grâce? Ne vous rappelez-vous pas qu’être dans la grâce signifie se soumettre à la voix supérieure?
Notre travail n’est pas celui de réparer le monde entier en une seule fois mais de tendre à rétablir cette part du monde se trouvant à notre portée. La plus petite et paisible chose qu’une âme puisse faire pour en aider une autre, pour aider une partie de ce pauvre monde en souffrance, sera d’une aide immense. Il ne nous est pas donné de savoir quels actes ou qui les accomplira permettant d’entraîner la masse critique qui fera pencher les choses vers un bien durable.
Pour qu’un changement profond puisse avoir lieu, ce qui est nécessaire est une accumulation d’actes, ajoutés les uns aux autres, continuellement. Nous savons qu’il n’est pas nécessaire que tout le monde sur Terre participe pour que prévalent la justice et la paix, mais seulement un petit groupe déterminé qui n’abandonnera pas à la première, deuxième ou centième tempête.
Une des actions les plus apaisantes et puissantes que vous puissiez accomplir pour intervenir dans ce monde tourmenté, est de vous lever et de révéler votre âme. Sur le pont, dans les temps d’obscurité, l’âme brille comme de l’or. La lumière de l’âme projette des étincelles, peut envoyer des balises lumineuses, faire des signaux de feu et permet à ce qui est juste d’être allumé. Pour que la lanterne de l’âme puisse être vue dans des temps d’obscurité comme ceux-ci – il nous faut être énergiques et faire preuve de miséricorde envers autrui: ce sont là deux actes d’immense bravoure et de la plus grande nécessité.
Les âmes se débattant captent la lumière des autres âmes pleinement éveillées et prêtes à le montrer. Si vous souhaitez aider à calmer le tumulte, c’est l’une des plus puissantes choses que vous puissiez accomplir.
Il y aura toujours des moments où vous vous sentirez découragés. J’ai moi aussi ressenti le désespoir de nombreuses fois dans ma vie, mais je ne lui accorde pas de place. Je ne le nourris pas. Je ne lui permets pas de manger à ma table.
La raison est la suivante: Au plus profond de moi, je sais quelque chose, tout comme vous le savez. C’est qu’il ne peut y avoir de désespoir lorsque vous vous rappelez pourquoi vous êtes venus sur Terre, qui vous servez, et qui vous a envoyé ici. Les bonnes paroles que nous prononçons et les bonnes actions que nous accomplissons ne nous appartiennent pas. Ce sont les paroles et les actes de l’Un qui nous a amenés ici. Dans cet esprit, j’espère que vous écrirez ceci sur votre mur: quand un grand navire est amarré dans le port, il est en sécurité, cela ne fait aucun doute. Mais ce n’est pas dans ce but que sont construits les grands navires. »
— Dr. Clarissa Pinkola Estes
Oh merci, tellement merci ! Ces textes sont des cadeaux et nous en avons tous tellement besoin ! Merci du partage : ça réveille un bon coup, en ce jour de solstice !
[…] Quelques autres traductions des textes ou conférences de Stephen: De naître dans une époque troublée La création des Anciens Le sens de la mort Deuil et changement […]
Bonjour, merci beaucoup pour vos traductions! Pouvez-vous nous donner les sources de ces 2 textes svp? Merci beaucoup!
Bonjour Loriane,
Malheureusement je n’arrive pas à retrouver le texte original de Stephen. J’ai du le prendre sur son site, dans une rubrique (essais) qui a maintenant disparu (cela arrive quand un auteur prépare un livre).
Le texte de Clarissa Pinkola Estes est disponible sur plusieurs sites anglophones. Celui-ci par exemple: https://www.lifeohm.com/we-were-made-for-these-time/#more-295. Et merci de votre requête car j’ai posté une traduction faite par quelqu’un d’autre sans vérifier si l’intégrité du texte avait été traduite, ce qui n’est pas le cas !
Bonne lecture 🙂
Merci Marianne !