«To my father, who used yo sit, hour after hour, night after night, outside our house in Africa, watching the stars. ‘Well,’ he would say, ‘if we blow ourselves up, there’s plenty more where we came from!’ »
(A mon père, qui avait l’habitude de s’asseoir, pendant des heures toutes les nuits devant notre maison en Afrique, pour regarder les étoiles. ‘Et bien’, disait-il, ‘si nous nous anéantissons tous, il y en a encore plein là d’où nous venons!’ )
C’est la dédicace avec laquelle Doris Lessing démarre sa série Canopus on Argos: Archives.
Lessing est une visionnaire avec laquelle je me sens en profonde affinité. Dans ces cinq volumes, la romancière sud-africaine, dont c’est la première incursion dans le genre de la science-fiction (terme peu adapté ici à vrai dire), nous emmène sur des mondes peuplés d’humains vivant d’autres étapes d’évolution que la nôtre. Une lecture plus que passionnante, éblouissante; elle déclenche des ouvertures de conscience sur le potentiel de notre espèce.
Voici un des passages qui m’ont sauté aux yeux dans le deuxième volume (traduit par mes soins):
« (…) si elle était enceinte, il était dans le juste ordre des choses et même requis, prescrit, qu’elle se permette d’être imprégnée et nourrie par la qualité d’être particulière de cet homme, afin que l’enfant reçoive ses essences, qu’il entende ses paroles et soit nourri. Chaque fois qu’elle avait été enceinte par le passé — ce qui était survenu après quel soin, quelle réflexion, et quelle série de choix patients et soigneux! — elle avait, aussitôt qu’il n’y avait plus de doute, choisi comme influences bénéfices pour l’enfant, plusieurs hommes qui, sachant pour quelle raison ils avaient été choisis, et dans quel but, coopéraient avec elle dans cet acte de bénir et d’honorer le fœtus. Ces hommes avaient une place toute spéciale dans son cœur et dans les annales de sa Zone. Ils étaient les Pères des enfants, autant que les Pères-Génétiques. Chaque enfant de la Zone avait ainsi des Pères d’Esprit choisis avec soin, qui étaient autant responsables de lui que les Pères Génétiques. Ces hommes formaient un groupe qui, avec la Mère Génétique, et les femmes qui s’occupaient de l’enfant, se considéraient comme des co-parents, à jamais disponible pour l’enfant, quand on avait besoin d’eux, à la fois collectivement et individuellement.»
Je pourrais dire: cela me fait rêver, mais ce que mon esprit crie, c’est plutôt: «Maison !», et je ne pense pas être la seule…
(image Sergio Topi)