Il se trouve que dans le même temps que je regardais un nouveau film sur la vie de St François d’Assise – Chiara e Francesco – j’ai appris le départ de David Bowie. Le deuxième événement m’a fait un choc complètement inattendu car, si je suis une groupie éperdue de François, je ne l’étais pas de Bowie. Cela fait donc plusieurs jours que je vois alterner en moi les fréquences que je perçois de ces deux êtres: François et sa douceur intense, Bowie et sa créativité débridée. Deux cordes de l’instrument que je suis, pincées par l’Amour sans merci, font vibrer mon corps et mon âme. Ces motifs persistants intègrent ou bien visitent mon champ vibratoire, je ne sais. C’est une expérience assez unique.
Ne trouvez-vous pas que Bowie est devenu plus grand depuis qu’il est parti ? Il m’invite à oser, à ne plus tenter d’être qui je ne suis pas. Lundi, alors que j’étais vibrante de la nouvelle, sa voix m’a soufflé par surprise “Stop trying to be normal!”, et j’ai perçu ce qui en moi cherche encore à plaire, à être acceptée, à m’excuser de ne pas rentrer dans les cases.
François, lui, est parti il y a beaucoup plus longtemps, en 1226, à 44 ans – mon âge, tiens – et pourtant je n’ai pas encore fini mon deuil. Incompréhensible cette fontaine de larmes qui est montée lorsque, en 2000, j’ai visité le tombeau caché sous la basilique qui porte son nom, soudain saisie par son absence comme si il venait de nous quitter. Le film a réactivé ce chagrin, auquel on peut donner une interprétation poétique, karmique, ou que sais-je (à l’époque, un ami avait coupé court à mes élucubrations en plaisantant: “Tu as peut-être été une biche caressée par François”. J’ai beaucoup aimé l’humilité toute franciscaine avec laquelle cette remarque m’avait re-connectée :).
J’ai ri hier en réalisant combien ces deux hommes étaient éloignés l’un de l’autre: François prônait la chasteté et la pauvreté, Bowie a libéré nos moeurs avant l’heure avec élégance et désinvolture. Mais tous comptes fait, ils avaient en commun l’absence de peur, la force d’être qui ils étaient complètement, sans compromis; le désir de chanter et de changer le monde, et aussi sans doute, le charisme. Je suis restée ébahie de la possibilité de savourer ces deux extrêmes au sein de la même conscience, la mienne, qui est, on me le dit, la seule qui existe…
Ce soir, le coeur trop rempli, j’ai écrit ce texte:
Mes deux frères. Mes deux incarnations, mes deux fils dans la Création. Vous avez tous les deux fait résonner haut et fort la beauté de Qui Je Suis. Bienvenue dans mes bras, de nouveau, après votre incursion dans la matière si tendre et vorace qui se déroule aux pieds du Très Haut.
Toi, le Très Bas, et toi le Fol, la Permission Absolue. Je vous ai tant aimés, savourés. Chaque minuscule graine de vos vies m’a nourri, m’a fait grandir, moi qui suis en perpétuel déploiement.
J’ai goûté la joie d’être vous, de prendre la forme de vos corps, de vos émois, de vos questions, de vos poings levés vers le ciel, de vos sensations, de votre peau caressée par le vent et les amants. Je me suis goûté dans chacun de vos chants, moi qui suis l’inspiration, la chanson et le chanteur. Vous ne pouviez que chanter ma Gloire, dans tous les mots, les notes, les accords. Mes enfants Irrévérencieux, je vous aime, je vous Suis.
Toi François qui rejeta tout pour te rapprocher de l’authentique Moi, n’écoutant que la Voix qui t’avait fait naître. Toi David, mandala d’êtres, qui fit résonner si fort les fréquences des mondes encore inconnus; quelle joie j’ai eue à injecter sur Terre tant de couleurs inédites, dont bon nombre ne sont pas du visible !
Vous avez porté haut le drapeau de la joie d’être, vécu l’intensité du dévouement total à Ce Qui Descend de la Source même de la Joie.
Je ne suis que gratitude infinie.