De Linselles à Niamey

(Je re-publie ici un article publié sur facebook en Janvier 2011. Pour un rappel de l’affaire, lire ceci)

Linselles, le village d’où étaient originaires les deux jeunes hommes qui ont été tués au Niger est juste à cote de la maison de mon enfance. C’est là que j’ai appris, petite, à monter à cheval, depuis les petits Shetlands jusqu’au saut d’obstacle. Le nom de ce village est chargé d’une aura particulière. Je ne peux pas faire autrement que d’être interpellée par cet événements, même si je ne me considère pas comme proche des familles.

Cela réveille deux réflexion chez moi. Enfin, disons une réflexion et une inspiration.

D’abord, le contexte. Voici le message que j’entends. Il arrive avec violence, comme tous ceux qui n’ont pas été reçus. Tout en traitant les pays d’Afrique avec une injustice économique flagrante, l’Occident (je ne parle pas de nous, individuellement ou des gouvernements, je parle de l’entité qui émane de tous) se donne bonne conscience en envoyant ceux de ses habitants qui ont le plus grand cœur ré-équilibrer la balance avec une plume alors que l’autre plateau est chargé de pépites d’or. L’Afrique nous dit, cruellement: stop. C’est triste et tragique que ce soit la main qui panse les blessures qui ai été mordue cette fois-ci, mais à mon sens cela appelle à une remise en question fondamentale du système entier. Dans un monde juste, il n’y a pas besoin de charité: le système prend soin de tous les siens.

Le deuxième aspect est plus personnel. J’ai été frappée par le fait que le deuxième homme était là exprès pour le mariage de son ami. Arrivé la veille !
Aucun départ ne se fait sans l’accord de l’âme. Aucun. Il n’y a pas de « Il était au mauvais endroit au mauvais moment ». Pour moi, au fond d’eux-mêmes, ces deux jeunes savaient parfaitement ce qui était au bout de ce chemin. Laissez-moi vous écrire un autre scénario, un scénario qui se joue au fin fond de la conscience, dans cet espace intérieur infini qui nous guide silencieusement.

Et si le jeune marié devait passer par cette mort brutale pour comprendre enfin avec le cœur une leçon inestimable aux yeux de l’âme ? Et si cette rencontre avec les ravisseurs était un engagement sacré que l’âme avait pris envers une autre pour comprendre quelque chose de magnifique et ne plus jamais, pour l’éternité à venir, refaire une erreur du passé ?
Et si, sentant cette épreuve approcher, cette âme avait demandé l’aide d’une autre, celle dont elle s’est senti la plus proche dans cette vie, pour avoir le courage de l’affronter ? L’amitié est un des liens les plus forts que nous vivons. Je m’imagine sans peine la réponse de l’ami, évidente. « Je viens ».
Qui sait ce qui s’est passé dans ces moments d’effroi entre ces deux hommes si proches ? Qui sait ce qui s’est passé une fois que les corps ont été abandonnés? Et si l’ami avait, en acceptant de partir aussi, permis à l’autre de quitter cette dimension en paix? L’Amour peut aller jusque là.

Dans ce qu’on qualifie de drame, je choisis de voir la beauté. Je m’invente une histoire, peut être, mais pourquoi donc serait-elle moins vraie que la tragédie qu’on nous vend.

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